TW : viol, violences sexuelles
Si on oublie les petites “relations” éphémères (une à longue distance de 2 semaines, une autre qui a duré à peine plus), ma première relation de couple a duré deux ans.
Et si je pouvais aller voir moi de cette époque, je lui dirais de se barrer de là : et elle ne serait pas surprise.
Parce qu’elle savait dès le début que ça n’allait pas.
Pour faciliter un peu l’histoire, on appellera cette personne L. Avec L on se connaissait déjà depuis quelques années, mais à distance. Notre relation amicale s’était même étiolée : j’étais en colère contre lui.
Puis il est venu là où j’habitais pour rencontrer une amie à nous, et moi. Et c’était très différent de par écrit.
L parlait beaucoup, tout le temps, était assez présent et proche physiquement parfois… Avec moi.
Premier soir, l’amie me demande si on sort ensemble ou s’il y a quelque chose.
Je ris : je dis non.
Deuxième jour de sa visite on va au cinéma, un peu prévu à l’arrache, et je sais plus quand dans cette journée, il m’embrasse. Pas de surprise vu les câlins serrés toute la journée.
La moi perdue de l’époque, elle s’en fichait un peu, mais c’était sympa d’être voulue.
Sauf que la moi de l’époque ne le voulait pas lui.
Il repart chez lui, et commence une relation à distance.
Moi pendant les 3 premiers mois je me flagelle mentalement, d’être une enflure qui l’aime pas “activement” alors qu’il m’aimait si fort. Je lui en parle même, mais pour une raison oubliée (probablement mise dans la boîte “c’est la faute à la dissociation”), c’est pas grave et la relation continue.
La première année elle se passe à distance. A part le fait de me détester de faire semblant et de continuer cette relation au lieu de dire non (je ne comprends pas à l’époque que c’est ce qu’il manque, le pouvoir de dire non), y’a pas grand chose à assumer finalement. Je refuse les avances pour des appels sexy et tout ça, ça ne me parle pas. Il rend visite une fois cependant, et j’engage les choses sexuellement :
Pas parce que j’avais envie.
Mais parce que je me suis dit que peut-être comme ça, ça me “soignerait” et j’aurais envie de lui.
Autant dire que ça n’a pas fonctionné mais il était content.
Quelques mois plus tard il emménage dans ma ville, et c’est mon premier non : non, on n’habitera pas ensemble c’est hors de question.
Il emménage donc dans son propre appartement.
Pour compenser quelques problèmes d’estime de soi et autres, je me retrouve à beaucoup engager les choses sexuellement. Je jouais un rôle. J’étais fun, j’étais sexy pour lui (et me présentais de plus en plus féminine malgré mon rejet là dessus), tout allait bien.
Mais il y avait un problème : dans ma tête je savais de base que je le quitterais.
Accessoirement, j’avais honte dès que je le présentais à qui que ce soit. Je refusais qu’on montre quoi que ce soit en public qui fasse couple. Si quelqu’un avait un contact avec moi il se plaçait entre nous (red flag), quitte à virer ou donner un coup “accidentel” à la personne (red flag).
Autant dire que je n’étais pas bien dans la relation.
Quelques mois plus tard je fais un coming out asexuelle, j’en pleure tellement ça me soulage d’avoir enfin les mots, de comprendre que je ne suis pas malade et que je peux être moi même. Lui, ça l’inquiète (red flag), il me demande des explications, si “les choses” vont changer, etc. On discute directement de “compromis” que je n’étais pas prête à assumer.
Oui les choses ont changé.
J’ai osé arrêter de jouer ce fichu rôle.
Ça allait mieux du coup, au moins, moins de pression.
Jusqu’au jour où je me réveille parce que je suis caressée à l’entrejambe. Je vais passer les détails : oui ça s’est passé, oui plusieurs fois, non je ne voulais pas “même une fois réveillée”, non je n’ai jamais dit non.
J’ai fait une amnésie traumatique sur le sujet pendant la moitié d’une année, avant que tout me revienne dans la face.
Et même là je ne l’ai pas quitté.
A chacune de ses frustrations explosives parce que je disais finalement non aux appels sensuels, je ne l’ai pas quitté.
J’ai pleuré : quel monstre j’étais.
J’ai même rencontré toute sa famille (TOUTE sa famille), j’étais basiquement la femme de sa vie et on aurait des enfants une maison et on serait marié•e•s. Après tout, je l’avais laissé dans ce rêve pendant que je savais que ce n’était qu’une question de temps avant que je parte.
Deux semaines après avoir rencontré sa famille je me rends chez lui et je lui dis que c’est fini.
Chose que je regrette : je lui explique que rien n’est sa faute, que ça ne peut juste pas fonctionner et que j’arrête cette relation.
Beaucoup de choses étaient sa faute.
Je reviendrais mille fois dire à moi de 18 ans que c’est pas parce qu’on l’embrasse qu’elle a dit oui, qu’elle doit accepter la relation. Que ce n’est pas parce qu’elle est si misérable qu’une démonstration d’affection la rend dépendante, qu’elle a dit oui. Que si elle rejette la personne en public et en privé : c’est sûrement qu’elle veut dire non. Que ce n’est pas sa faute si depuis le début, on ne lui a jamais demandé son avis, si depuis le début, on a considéré son silence comme un oui, sa complaisance comme un oui, son existence comme un oui.
Que ce n’est pas sa faute.
Et bravo, enfin, d’avoir dit non.
Ce pouvoir là, on ne me l’enlèvera pas de si tôt.
– Plusieurs mois plus tard je l’ai confronté sur les agressions/viols, qu’il a passé sous le tapis en prétextant “une fièvre nocturne” et que pour la pression due aux frustrations explosives en cas de refus “si ça provoquait un viol alors lui aussi il a été violé hein”.
J’ai ensuite fait une nouvelle amnésie traumatique, cette fois-ci émotionnelle.
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